Quomodo Vales ?

Tuesday, August 15, 2006

L'inusable Castro à l'hosto

La nouvelle a fait l'effet d'une bombe. Les unes de la presse internationale se sont fait l'écho de l'événement: le lider maximo, éternel Commandante cubain a été admis le 31 juillet à l'hôpital à La Havane pour y subir une opération chirurgicale aux intestins. La date est à prendre avec des pincettes car, en réalité, son hospitalisation remonterait au 28 du même mois.
Cela a de quoi surprendre compte tenu de la santé de fer qu'il a toujours affiché en public, malgré de nombreuses épreuves qu'il a encourues depuis un demi-siècle. Mais à 80 ans -il les a fêtés dimanche- le corps même solide de Fidel Castro se fait de plus en plus vieux et on peut comprendre aisément qu'il ne soit pas naturellement épargné par la dégénérescence à laquelle chaque être humain est destiné inéluctablement.
Cela fait donc deux semaines que le Commandante est hospitalisé et, d'après les informations officielles, son état de santé s'améliore. On a même vu les images, rassurantes, tournées par la télévision cubaine, le montrant souriant au moment d'accueillir sur son lit d'hôpital son ami et disciple, Hugo Chavez, Président du Vénézuéla. Les deux chefs d'Etat sont conjointement considérés comme des pestiférés par Washington.

Cette hospitalisation implique plusieurs conséquences.

D'abord, le transfert momentané des pouvoirs, et Dieu sait combien ils sont considérables, à son frère cadet Raul Castro, 75 ans. C'est un événement car Fidel Castro aime le pouvoir. Pour la première fois depuis son accès au pouvoir en 1959, il a accepté de confier les fonctions de premier secrétaire du Parti communiste à quelqu'un d'autre. Voici donc son ministre de la Défense, fidèle compagnon des bons et mauvais jours de leur longue carrière révolutionnaire et gouvernementale, provisoirement à la tête de la magistrature suprême de Cuba. Raul Castro, homme de l'ombre, peu à l'aise quand il s'agit de haranguer les foules contrairement à son frère, n'en est pas moins un homme à poigne. Sa discrétion et sa loyauté sans faille le prédestinent naturellement à occuper les fonctions suprêmes du régime. Il conduit une équipe de 6 personnes fidèles parmi les fidèles, à la fois membres de la vieille garde et de la nouvelle génération. Doit-on y déceler ce que la plupart des analystes ont qualifié de "répétition générale" en prévision de la date fatidique de la fin du dernier marxiste-léniniste de la planète!

Ensuite, l'attitude de Washington qui surveille de plus près l'évolution de l'état de santé de Fidel Castro. Comme on pouvait s'y attendre, l'administration Bush qui n'a jamais fait mystère, comme les précédentes administrations du reste, de son voeu de voir le régime castriste prendre fin, oeuvre toujours à préparer l'après-Castro. Les Américains ont jugé que l'occasion était belle pour les Cubains d'amorcer une transition pacifique vers un régime de liberté. Certains responsables se sont même hasardés jusqu'à dire que la fin du régime approchait. Mais comme d'habitude, ils continuent de sous-estimer l'intelligence du Commandante qui a su placer ses hommes de confiance à des postes clé. On se souviendra qu'à de nombreuses reprises, Washington a tenté vainement de renverser le pouvoir à La Havane. Chaque fois la CIA s'est cassée les dents contre un système minutieusement verrouilé et efficace.
Dire que les relations américano-cubaines ont toujours été un véritable serpent de mer est un doux euphémisme. Depuis sa prise du pouvoir, Fidel castro a fait l'objet de plusieurs tentatives de coups d'état ainsi que d'autres formes de déstabilisation à l'instigation des différentes administrations qui se sont succédé à la Maison Blanche. La présence de Cuba à une centaine de kilimètres de la frontière américaine est, pour les Etats-Unis une anomalie. Ils admettent mal qu'un pays souverain ne puisse leur prêter allégeance. Ils sont frustrés depuis près d'un demi-siècle.
Face à ses multiples échecs à renverser Il Commandante, Washington a réussi à dresser les Cubains de l'intérieur contre les Etats-Unis qu'ils accusent, à juste titre, d'être les principaux responsables des maux qui les accablent. Cuba qui présentait un potentiel de développement identique à celui de la Corée du Sud ou de la Malaysie en 1960 est aujourd'hui largué par ces nations aux économies émergentes. Cuba qui figure au 96ème rang mondial affiche un PNB de 10.6 milliards USD, une misère par rapport aux 480 milliards du pays au matin calme (13è rang). Soit 48 fois moins riche que ce dernier. Doit-on y voir un fait du hasard, alors que fort justement l'embargo américain est en vigueur depuis 1960?!!!
Du même coup, tel l'effet boomerang, c'est l'effet inverse qui s'est produit dans l'île. Depuis le renversement de la dictature de Baptista, par ailleurs chouchouté par les Etats-unis, Castro qui s'est senti dans l'oeil du cyclône a naturellement radicalisé son régime, restreignant les libertés.
Le peuple croupit dans une misère implacable et dans l'ignorance qui ne dit pas son nom. Les écoles, les hôpitaux, les administrations fonctionnent de bric et de broc. L'embargo a eu des effets dramatiques. Malgré cela, Fidel Castro reste populaire car la grande majorité du peuple cubain s'identifie à lui. Elle estime que son combat irréductible contre l'impérialisme des Etats-Unis est tout à fait légitime.

A sa sortie d'hôpital, Il Commandante devrait reprendre ses fonctions. Mais alors que les médias officiels diffusent comuniqués sur communiqués sur l'amélioration de son état de santé, on peut se demander s'il aura suffisamment d'énergie pour assumer cette tâche usante. Aura-t-il récupéré de cette opération qu'il vient de subir qualifiée par certains de "complexe" ? Les Etats-Unis vont-ils encore sortir de leur chapeau un lapin qui leur a toujours fait défaut pour enfin opérer une révolution libérale qu'ils appellent de leurs voeux? Quoi qu'il arrive un homme supplétif qui se réclamerait du soutien américain aurait peu de chances d'arriver au pouvoir, compte tenu de l'aversion que les Cubains de l'intérieur éprouvent à l'égard des Etats-Unis.

En tous les cas, la question de la succession de Fidel Castro est ouverte. A mon avis, même mort, ce qu'il n'est pas encore rappelons-le, son fantôme planera toujours sur le ciel de Cuba. Le Tiers-Monde ainsi que tous les pays victimes de l'impérialisme occidental n'oublieront jamais à coup sûr, qu'il fut le porte-parole fidèle de leurs intérêts.

1 Comments:

  • J'ai l'impression que la production stagne ! Un homme marié est-il moins inspiré !?

    By Blogger Godefroy, at 8:50 AM  

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