Quomodo Vales ?

Friday, November 03, 2006

Le mur entre les Etats-Unis et le Mexique: une énième grave erreur

Il y a 17 ans la chute du Mur de Berlin était saluée presqu'à l'unanimité comme un événement historique. Un grand nombre de commentateurs politiques, sociologues, philosophes, humanistes et autres, y voyaient l'avènement d'une ère nouvelle, le symbole d'une démocratie triomphant de la dictature communiste. D'autres encore mus par des desseins mercantiles y ont vu le triomphe sans appel d'un mode de vie aux dépens d'un autre, à savoir du monde libéral sur la société collectiviste d'un autre âge.
Mais au fond, aujourd'hui, quelles leçons avons-nous rééllement tiré de cette prometteuse rencontre entre les peuples de l'Ouest et ceux de l'Est? Quand on voit l'évolution des sociétés au 21è siècle, force est de constater que le chemin est encore long à parcourir. Les espoirs suscités par la chute du rideau de fer ont cédé la place à la paranoïa, à une véritable schizophrénie et au repli des peuples sur eux-mêmes. Ce mur honni de son temps est devenu le socle des politiques du tout sécuritaire suivies aujourd'hui par deux grandes démocraties occidentales, les Etats-Unis et Israël en l'occurrence.
On sait à peu près tout du mur de sécurité érigé par le gouvernement israëlien qui a fait l'objet de nombreux débats. Dans cette nouvelle réflexion, je m'intéresserai naturellement au Mur de la honte, récemment approuvé par l'administration Bush, qui devrait, selon elle, contribuer à combattre l'immigration illégale le long de la frontière américano-mexicaine.

Et pourtant ils étaient fiers d'avoir fait tomber le mur de Berlin

L'ironie du sort, les Américains dont les alliés européens ont profondément souffert du rideau de fer ont tout mis en oeuvre pendant la guerre froide pour le démantèlement de celui-ci en 1989. Dans la foulée, c'est tout à fait logiquement que George Bush Sr, content des efforts fournis par son oeuvre, avait clamé haut et fort que le monde allait enfin vivre un nouvel ordre mondial, dans lequel la démocratie, la justice et la liberté se posaient dorénavant comme des valeurs intangibles.
Le discours était émouvant devant une belle brochette de personnalités et relayé par les grandes chaînes de télévisions internationales.
Que d'espoirs déçus aujourd'hui! Les odieux attentats du 11 septembre passant par là, l'administration dirigée par le fiston du paternel, confrontée à l'enlisement dans la crise irakienne, a cette fois encore innové en promulgant cette loi absurde autorisant la construction d’un mur long de 1126 kilomètres sur les 3200 que se partagent les États-Unis et le Mexique. Ce qu'on ne dit pas mais personne n'est dupe pour le comprendre c'est que derrière la volonté affichée de lutter contre l'immigration illégale des Mexicains, Bush et sa clique pensent trouver un moyen intelligent de combler leur déficit de popularité qui bat les records à la veille d'une échéance électorale importante. En ce début de novembre, les citoyens américains sont en effet appelés aux urnes pour le renouvellement partiel des mandats.
On l'aura bien compris les Républicains cherchent déséspérément à glaner quelques voix par-ci par-là. Et le thème de la sécurité avec son corollaire l'immigration clandestine constitue un terreau privilégié pour reconquérir cette Amérique profonde isolationniste qui a porté Bush au pouvoir pour un deuxième mandat il y a deux ans. Les Démocrates ne s'y sont pas trompé, ils ont critiqué avec véhémence cette loi inique dénonçant le détournement de l'opinion, pointant sa lassitude après des échecs répétés de la politique étrangère de l'actuelle équipe.


Nos enfants iront le visiter comme n'importe quel monument touristique

Par son aspect physique matériel, ce mur sera constitué de barres d’acier renforcés par tout un système de surveillance sophistiqué avec des caméras infra-rouges, des drônes (avions sans pilotes) et des moyens d'écoutes technologiques dernier cri. Il passera dans quatre États du Sud des États-Unis, la Californie, l’Arizona, le Nouveau-Mexique et le Texas. Ce dispositif sera également renforcé par la présence des milliers de gardes-frontières. Rappelons que le reste de la frontière est constitué de larges contrées désertiques et en conséquence pas besoin d'y étendre le dispositif, personne ne pouvant s'y aventurer.
Ce mur est considéré par les experts comme le plus sophistiqué de toutes les barrières connues à ce jour. Certains n'ont pas hésité à dire que c'est la plus grande construction de l’histoire humaine après la Muraille de Chine. Le parallèle est troublant. Ainsi donc, nos enfants et les générations futures iront le visiter en tant qu'oeuvre touristique du début du troisième millénaire. Les guides nous vanteront probablement le génie artistique des ingénieurs américains! Ils devront sans doute payer pour voir cette oeuvre honteuse!

On peut néanmoins se poser la question de l'efficacité d'un tel dispositif. Tout au long de la deuxième moitié du 20è siècle, le Mur de Berlin a scindé l'humanité en deux mondes antagonistes. On s'est rendu compte que ce fut une grave erreur. Le Mur des Américains comme celui des Israëliens renforce une barrière déjà inadmissible, inquiétante entre l'Occident riche et opulent et le monde des pauvres, comme si le fossé n'était pas déjà assez profond.
Alors, s'agit-il réellement de sécuriser et protéger les citoyens américains comme le disent les partisans de George Bush? A l'aune de ce qu'on observe entre Israël et la Palestine je me permets d'exprimer des doutes sur son efficacité. Ce n'est pas pour autant que les attentats-suicide et leur coltège de morts et de désolations ont disparu. Il va certainement réduire le nombre des entrées clandestines, elles sont estimées aujourd'hui à 40000 par jour, mais croire que l'immigration zéro est possible avec ce mur est une illusion, un pur fantasme. Au contraire, il va contribuer à engraisser les passeurs, les réseaux mafieux qui vont demander des sommes astronomiques pour faire franchir les demandeurs de l'autre côté de la frontière. Le Gouvernement mexicain qui a profondément regretté que son homolohgue américain ne l'ait pas associé à la prise de décision, ne s'est pas gêné pour railler le manque de discernement des Américains. En effet une barrière identique quoique moins longue (300 km) existe déjà sur la frontière avec la Californie, mais le flux migratoire ne s'est jamais arrêté.

Ne perdons pas de vue que, quelles que soient les mesures prises pour contrôler la frontière, il est ici question de survie pour ces milliers de Mexicains et que de l'autre côté aussi on profite de cette main-d'oeuvre abondante moins coûteuse. Que vont devenir ces fermiers, tous ces promoteurs immobiliers américains privés de leurs ouvriers du Sud? On peut redouter des pertes de plusieurs centaines de millions de dollars. Autant dire un serpent qui se mord la queue...

2 Comments:

  • Même si je suis d'accord avec ce que tu écris, il ne faut pas perdre de vue que le mur de Berlin a été construit pour enfermer un peuple et ainsi mieux servir l'idéologie.
    Le mur de la frontière mexicaine ne vise pas cette même finalité.

    By Blogger Godefroy, at 9:55 AM  

  • There is a sort of mix up here. The United States are building a wall to control the influx of illegal immigrants not only from Mexico but the entire Latin American region. The Americans are absolutely right to control their borders.

    Another reason even though not mentioned is that, Latin Americans may be destroying the US culture and traditions. This is because it has been observed that, most Latin Americans Cubans excluded don't want to learn English and want to important their violent racism on American soil. What you have to denounce Sir, is the 2700Km wall constructed by Morocco in the occupied Western Sahara.

    By Blogger Elie Smith, at 12:30 AM  

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